L’Anorexie, pathologie du capitalisme ?
Marianne Fougère
Marianne Fougère ose un geste rare : lire l’anorexie comme un symptôme politique, une forme de désobéissance corporelle, une contestation muette des injonctions contemporaines à consommer, produire, performer.
Mêlant récit personnel et analyse théorique, l’autrice raconte vingt ans de cohabitation avec la faim et montre comment le refus de manger exprime un désir inextinguible de justice, de liberté, d’un corps à soi. Elle revisite l’histoire de l’anorexie, de Sissi à Amélie Nothomb, des cours d’Avicenne aux diagnostics du DSM, pour éclairer les logiques sociales qui ont façonné ce trouble. Elle interroge aussi les ambiguïtés du soin – gavage médical, assignations diagnostiques – qui étouffent le sens politique de ces corps en résistance.
L’anorexique apparaît ainsi comme une figure paradoxale : à la fois disciplinée et insoumise, victime et rebelle. Son corps trop maigre fait scandale parce qu’il perturbe l’ordre capitaliste, productiviste et patriarcal. C’est dans cette faille que Marianne Fougère invite à s’aventurer, non pour glorifier la maladie mais pour comprendre ce qu’elle dit de nous, de nos normes et de nos excès.